Vous avez peut-être envie de faire plaisir à votre entourage, en donnant une petite somme d’argent pour Noël. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, nous explique que ce geste de générosité est plus compliqué qu’il n’y paraît.
Y a-t-il vraiment une différence entre un don manuel et un présent d’usage ?
Il existe en effet une nuance entre les deux. Ce que l’on appelle communément un don manuel n’en est peut-être pas un ! Dans les deux cas, il s’agit de donner « de la main à la main ». Juridiquement, ce n’est pourtant pas la même chose. Le don manuel est soumis à la fiscalité car c’est un don taxable. Il n’est pas vraiment considéré comme un « petit cadeau », mais plutôt comme une donation à part entière. Il est de ce fait rapportable à la succession du donateur. Il en sera tenu compte lors de l’ouverture de la succession et de la répartition du patrimoine entre les héritiers du défunt. Le présent d’usage, quant à lui, est un cadeau que l’on remet à l’occasion d’un événement particulier. C’est ainsi que vous pouvez offrir pour Noël un bijou ou une somme d’argent par exemple. Cela fera toujours plaisir ! Il se caractérise par sa faible valeur et n’est pas à déclarer à l’administration fiscale. C’est apprécié au cas par cas par le juge. Tout est une question de proportion par rapport au patrimoine du donateur. Le juge regardera le train de vie et la capacité financière de celui qui donne. Si vous avez une retraite de 1 000 € et que vous faites cadeau d’une voiture de 20 000 € à votre petite-fille pour son permis, cela pourrait être considéré comme excessif et il faudrait alors le déclarer au fisc.
Pourquoi faut-il déclarer le don manuel ?
La simplicité du don manuel peut s’avérer source d’ennuis si le donateur ne respecte pas un minimum de règles. Tout d’abord, sa validité repose sur l’accord des deux parties. Celui qui donne doit le faire sans aucune contrainte et celui qui reçoit le don doit l’accepter en parfaite connaissance de cause, sans y être forcé.
Le don manuel doit avoir une cause licite (volonté de dédommager quelqu’un qui vous a rendu un service, preuve d’un sentiment d’affection…).
Enfin, il doit être fait dans les limites de la « quotité disponible » (partie du patrimoine dont le donateur peut disposer à sa guise), et ne pas porter atteinte aux droits successoraux des autres héritiers. D’une part, en le déclarant à l’administration fiscale, vous évitez les conflits éventuels avec les autres héritiers et d’autre part, vous ne pourrez pas être soupçonné de dissimulation.
À noter que vous aurez des droits à payer seulement si la valeur du don est supérieure à l’abattement fiscal.
Comment déclarer un don manuel ?
Le bénéficiaire d’un don manuel a tout intérêt à le déclarer à l’administration fiscale. Cela permet de lui faire « prendre date », par rapport au délai pour les abattements fiscaux.
Pour enregistrer le don manuel, il faut simplement remplir un imprimé Cerfa n°2735 à transmettre aux impôts dans le mois qui suit ou le faire par acte notarié.
Il est également possible de le faire en ligne en se connectant à son Espace Particulier sur www.impots.gouv.fr en saisissant son numéro fiscal à 13 chiffres et son mot de passe.
À défaut de déclaration, si le fisc parvient à prouver que le don a été volontairement dissimulé, les droits normalement dus peuvent être assortis d’intérêts de retard et de lourdes pénalités.
Stéphanie Swiklinski