Pensez à vos proches ! La saison des donations est arrivée

La période des fêtes reste le moment idéal pour faire un beau geste envers sa descendance. Pour que succession bien ordonnée rime avec anticipation et préparation, rien ne vaut les donations. Elles éviteront de vous faire du souci pour le confort matériel de votre conjoint et limiteront les risques de dispute entre vos enfants. Alors n’hésitez plus !

Prenez conseil auprès de votre notaire afin de donner sans totalement se dépouiller. Il s’agit de trouver le bon équilibre entre optimiser la transmission de ses biens et faire plaisir à ses proches. La variété des donations permet d’apporter une réponse patrimoniale sur mesure pour chaque situation, tout en profitant d’une fiscalité avantageuse. Faites votre choix !

Protéger son conjoint en donnant sans rien attendre en retour

  • Quand on est marié avec la donation entre époux
    Les époux héritent automatiquement l’un de l’autre, sans droit de succession. Cependant, sans aucune disposition particulière prise par le défunt, le sort du conjoint reste lié à la présence de proches héritiers. La part lui revenant n’est donc pas toujours suffisante pour faire face à ses besoins. La donation entre époux de biens à venir permet d’élargir les choix du conjoint survivant dans la succession de son époux ou épouse prédécédé (e) et permet de donner une part plus importante que celle prévue par la loi. Elle peut porter sur tous les biens possédés par le conjoint au jour de son décès.

Côté pratique – Les époux peuvent se consentir une donation entre époux (appelée aussi donation au dernier vivant) mutuellement. Il s’agit de deux actes (chacun le sien) reçu par le notaire. La donation entre époux est révocable de manière unilatérale ; l’autre conjoint n’est donc pas tenu au courant ! En revanche, quand elle est consentie par contrat de mariage, elle est irrévocable.

  • Quand on est pacsé avec un testament
    tout comme les époux, les partenaires pacsés sont exonérés de droits de succession (alors que les concubins ont des droits à 60 % !) Mais, attention, pour pouvoir bénéficier de cet avantage, il faudra être passé par « la case testament ». En l’absence de testament, le partenaire pacsé n’hérite de rien. Vous pouvez avec un testament tout léguer à votre partenaire,  dans l’hypothèse où il n’y a pas d’enfant. En revanche, si le testateur a des enfants, une part leur revient. Il peut alors léguer ses biens à son partenaire, mais seulement dans la limite de la quotité disponible (c’est la part de la succession dont il peut disposer librement) : la moitié des biens s’il a un enfant, le tiers s’il en a deux et le quart s’il en a trois ou plus.

Côté pratique : Chaque partenaire peut faire un testament au profit de l’autre. Le testament peut être olographe (écrit de la main du testateur, daté et signé) et déposé à l’étude pour être enregistré au fichier central des dernières volontés ou reçu par le notaire en la forme authentique. 

Aider un enfant ou concrétiser un projet en donnant un coup de pouce à la vie

  • Le don manuel :
    La période des fêtes est le moment idéal pour faire « des petits cadeaux » à ses enfants. Mais attention, ce que communément on appelle « un don manuel » n’en est peut-être pas un ! Il existe en effet une subtilité entre le don manuel, soumis à fiscalité et le présent d’usage fait à l’occasion d’un évènement particulier (comme par exemple un anniversaire, Noël ou un mariage) et qui se caractérise par sa faible valeur. Il s’agit d’une question de fait s’appréciant au cas par cas par le juge. Dans les deux hypothèses, cela consiste à remettre de la main à la main différents types de biens : un bijou, une voiture ou une somme d’argent par exemple. Tout est question de proportionnalité, par rapport au patrimoine du donateur. Le présent d’usage est un cadeau qui ne doit pas appauvrir celui qui donne. D’un point de vue fiscal, il n’est pas soumis aux droits de donation et n’entre pas en compte dans la succession, contrairement au don manuel.

Côté pratique : Le bénéficiaire d’un don manuel a tout intérêt à le déclarer à l’administration fiscale. Cela permettra de lui « faire prendre date », par rapport au délai des abattements fiscaux. En effet, à partir d’un certain montant, le don manuel est taxable aux droits des donations. Pour enregistrer le don, vous aurez tout simplement à remplir un imprimé Cerfa aux impôts ou le faire par acte notarié. Avec cette déclaration spontanée, vous éviterez que le fisc vous demande de vous justifier, lors d’un contrôle fiscal par exemple.

  • Les donations simples pour aider ses enfants  
    Deux possibilités s’offrent à vous :
  •  Si vous souhaitez apporter une aide ponctuelle à un enfant, sans le gratifier spécialement par rapport à ses frères et sœurs, vous pouvez lui faire une donation en avance sur sa part successorale.
  • Si votre intention est de l’avantager par rapport aux autres, vous pouvez faire une donation « hors part successorale ». Vous pourrez ainsi lui donner plus, tout en restant dans la limite des règles de la quotité disponible et de la réserve héréditaire. En revanche, si la donation consentie empiète sur la part de ses frères et sœurs, ils pourront, lors de l’ouverture de la succession, remettre en cause la donation.

Côté pratique : Les donations sont des actes dits « solennels » ; elles ne sont faites que par actes notariés. Votre notaire vous conseillera de faire telle ou telle donation en fonction de votre patrimoine. Vous ne devez pas vous dépouiller totalement ! Se réserver l’usufruit sur le bien immobilier donné par exemple, peut se révéler opportun. Vous pourrez ainsi percevoir les fruits du biens (les loyers).

Partager son patrimoine de son vivant en donnant pour éviter les conflits à son décès

Afin de ne léser aucun de vos enfants, la donation-partage est une bonne formule. Elle présente le double avantage d’éviter les conflits familiaux lors du réglement de la succession et facilite l’attribution des biens. Vous respectez ainsi les souhaits de chacun, en composant les différents lots qui vont être attribués à vos enfants. A préciser que chacun doit recevoir sa part comme prévu par la loi. Dans le cas contraire, l’enfant lésé peut agir par le biais de l’action en réduction.

Côté pratique : Procédant à un partage anticipé des biens, la donation-partage n’est pas rapportable à la succession. C’est ici que réside son intérêt car elle ne sera pas prise en compte lors des opérations de partage au décès du donateur. Par ailleurs, lors de la liquidation civile de la succession, la valeur de la donation-partage prise en compte est celle au jour de l’acte et non pas celle au jour du décès (à condition que tous les héritiers réservataires aient été allotis).
A noter également qu’une donation-partage peut aussi être réalisée au profit de des petits-enfants, à conditions que les propres enfants du donateur consentent dans l’acte à ne pas être bénéficiaires. C’est ce que l’on appelle une donation transgénérationnelle.
Profiter d’une fiscalité avantageuse tant que c’est encore possible
Quand vous avez la chance de recevoir une donation, vous allez peut-être aussi avoir des droits de donation à acquitter, mais peut-être pas…Les donations bénéficient d’une fiscalité avantageuse par le jeu des abattements fiscaux. Le tarif des droits ne sera à appliquer qu’après avoir déduit le ou les abattements.

Abattements et donations
Vous faites une donation à …  L’abattement fiscal sera de …
Votre père ou votre mère   100 000 €
Votre conjoint ou votre partenaire pacsé   80 724 €
Un enfant  100 000 €
Un petit-enfant  31 865 €
Un arrière petit-enfant   5 310 €
Un frère ou une soeur  15 932 €
Un neveu ou une nièce 7 967 €
Une personne handicapée  159 325 €

Abattements et donations Vous faites une donation à …  L’abattement fiscal sera de … Votre père ou votre mère   100 000 € Votre conjoint ou votre partenaire pacsé   80 724 € Un enfant  100 000 € Un petit-enfant  31 865 € Un arrière petit-enfant   5 310 € Un frère ou une soeur  15 932 € Un neveu ou une nièce 7 967 € Une personne handicapée  159 325 €


Abattement spécial pour les personnes handicapées
Il existe un abattement de 159 325 € en faveur des personnes handicapées. Il vient se cumuler par exemple avec  l’abattement en ligne directe (parent et enfant par exemple) de 100 000 €. La personne doit être atteinte d’une infirmité physique ou mentale qui l’empêche de travailler dans des conditions normales ou, pour les moins de 18 ans, d’acquérir une formation normale.

Abattement spécial pour les donations de somme d’argent
Il existe un régime spécifique pour les dons familiaux de sommes d’argent : chaque parent peut donner 31 865 € à chacun de ses enfants en franchise de droit (le donateur doit être âgé de moins de 80 ans et l’enfant doit être majeur pour pouvoir bénéficier de cet abattement).
Cet abattement se cumule avec l’abattement habituel de 100 000 € .Ainsi, un père ou une mère peut donner à un enfant jusqu’à 131 865 € sans payer de droits tous les 15 ans.
L’abattement de 31 865 € s’applique également aux dons de sommes d’argent au profit d’un petit-enfant, d’un arrière petit-enfant et, à défaut de descendance, au profit d’un neveu ou d’une nièce ou par représentation d’un petit-neveu ou d’une petite-nièce.  

 

    Un barème par tranche est applicable pour le calcul des droits de mutation, il est en fonction du lien de parenté entre donateur et donataire.

Stéphanie Swiklinski