La paternité peut parfois être recherchée voire carrément contestée. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, nous dit tout sur ce petit lien juridique qui peut changer des vies.
Quels sont les différents modes de filiation ?
La filiation est le lien juridique qui existe entre un enfant et ses parents. Quand ce lien est établi, il génère non seulement des droits mais aussi des obligations pour chacune des parties. Il y aura ainsi une incidence sur l’attribution du nom de famille ou sur l’exercice de l’autorité parentale par exemple. Cela engendrera également des obligations comme l’obligation alimentaire, par exemple, existant entre parents et enfants et inversement. Notre droit français connaît trois types de filiation :
- La filiation légitime pour les enfants nés de couples mariés. L’enfant est considéré comme légitime dès l’instant où il naît d’un père et d’une mère unis par les liens du mariage ou s’il est conçu pendant le mariage de ses parents.
- La filiation naturelle concerne les enfants nés de parents non mariés ensemble (concubinage et pacs).
- La filiation adoptive, quant à elle, ne résulte pas des liens du sang mais d’une décision rendue par le tribunal.
La réforme de 2005 a mis fin à la hiérarchisation des filiations : » Tous les enfants dont la filiation est légalement établie ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans leurs rapports avec leur père et mère. Ils entrent dans la famille de chacun d’eux « . Rappelons qu’avant, un enfant né hors mariage avait moitié moins de droits dans la succession de ses parents que s’il avait été légitime.
Peut-on contester sa filiation ?
Il peut arriver que vous ayez été reconnu par un homme qui n’est pas votre père biologique. Il est dans ce cas possible de contester une paternité juridiquement établie pour que toute la vérité soit faite. On va alors prendre en compte ce que l’on appelle la possession d’état. C’est le fait de se comporter comme un père vis-à-vis de l’enfant, de pourvoir à son éducation, à son entretien. Il s’agit d’une présomption légale. On se base sur des faits constatés par l’entourage de l’enfant. Une expertise biologique sera aussi faite pour avoir la certitude que la personne est bien le père. Cette procédure a lieu devant le tribunal judiciaire et elle est encadrée par des différents délais selon les cas.
Qu’est-ce que la reconnaissance anticipée ?
Les parents ont normalement 3 jours après l’accouchement pour déclarer la naissance de leur bébé, à la mairie du lieu de naissance. Cette formalité (souvent faite par l’hôpital ou la clinique) est obligatoire. On vous remet à cette occasion l’acte de naissance de l’enfant. La reconnaissance d’un enfant est quant à elle une démarche volontaire qui peut être faite avant la naissance, au moment de la déclaration ou après la naissance. Elle est à l’initiative de la mère, du père ou des deux parents. Pour les couples non mariés, il est primordial de faire ce que l’on appelle une reconnaissance anticipée de l’enfant. La filiation s’établit en effet automatiquement pour la mère mais pas pour le père. La reconnaissance anticipée par le père permet d’établir la filiation à son égard. En cas malheureusement de problème à l’accouchement, le père sera le responsable légal de l’enfant. Cet acte de reconnaissance se fait en mairie au service de l’état civil ou, moins fréquemment, chez son notaire.
Stéphanie Swiklinski