Allant de record en record, les taux bas incitent les particuliers à contracter ou renégocier un crédit immobilier. Une manne financière qui sert les intérêts du marché immobilier et profite au porte-monnaie des acquéreurs.
Avec un taux moyen de 1,12 % toutes durées confondues en novembre 2019 selon l’Observatoire Crédit Logement CSA, les banquiers ne devraient pas s’ennuyer en ce début d’année 2020. Les emprunteurs vont profiter des conditions très avantageuses pour investir dans l’immobilier. S’ils ont déjà emprunté, ils vont être tentés de renégocier leur prêt pour réduire leurs mensualités. Un début d’année où l’argent va continuer de couler à flot pour alimenter une mécanique immobilière déjà bien huilée.
Emprunt à taux mini
Si le record du nombre de transactions vient d’être battu en 2019 – avec 1 059 000 ventes – cette performance repose largement sur la baisse continue des taux en 2019. De 1,43 % en janvier 2019 en moyenne selon l’Observatoire Crédit Logement CSA, ils sont tombés à 1,12 % en décembre dernier. Une bonne raison pour les acquéreurs de concrétiser leur projet et d’en profiter pour réduire le coût de leur crédit. C’est un plus bas historique ! Les taux d’intérêt ont été divisés par 5 depuis le début des années 2000. Ce qui pour un emprunt de 150 000 € représente tout de même une économie de 58 000 € ! Inutile de dire que le pouvoir d’achat s’est bien amélioré malgré la hausse du prix de l’immobilier.
Mensualité à prix réduit
Ce contexte de taux plancher ne devrait pas être bouleversé en 2020. Comme le confie Jérôme Robin, fondateur de Vousfinancer au Figaro Immo : « pour les banques, le crédit immobilier reste le meilleur moyen de capter de nouveaux clients, les taux de crédit devraient rester très attractifs encore en 2020″. Les particuliers peuvent donc en profiter pour mener à bien leur projet immobilier et profiter des taux d’intérêt historiquement bas. D’autant que dans le climat social lié à la réforme des retraites, beaucoup de Français se tournent vers l’immobilier pour s’assurer un complément de revenus.
Les bons dossiers peuvent en effet espérer décrocher un taux de 1 % pour un emprunt sur 20 ans. Des conditions qui se traduisent par des mensualités équivalentes au montant d’un loyer. Mieux vaut donc rembourser un crédit en vue de constituer un patrimoine que de verser de l’argent pour se loger sans possibilité de capitaliser.
Prenons un exemple pour le vérifier :
- Emprunt de 150 000 €
- Durée de remboursement sur 20 ans
- Taux de crédit à 1 %
- Taux de l’assurance emprunteur à 0,36 %
- => Mensualité : 735 €
Avec 735 € de remboursement, cela ne revient pas plus cher que la location d’un appartement ou d’une maison d’environ 80 m2. Selon le courtier Vousfinancer, les ménages en profitent pour s’endetter au maximum. Le profil emprunteur qu’il a établi révèle que le montant moyen du prêt principal atteint 170 363 € chez les primo-accédants et 194 174 € tous emprunteurs confondus. En corollaire, cette baisse des taux d’intérêt permet d’acheter plus grand ou de limiter le montant de son apport personnel.
Durée de remboursement raccourcie
Autre levier engendré par la baisse des taux d’intérêt, la durée de remboursement. À mensualité égale, le tableau d’amortissement n’affiche pas le même nombre d’annuités entre un taux à 1 ou 2 %. Cela permet de s’endetter sur une période plus courte et d’envisager ainsi d’autres projets… Ainsi, un écart d’un point pour un emprunt de 150 000 € sur 20 ans se traduit par un gain de 2 années. Il ne faut plus que 18 ans pour rembourser le crédit de 150 000 € à 1%, au lieu de 20 ans s’il a été souscrit au taux de 2 %.
Une vraie bouffée d’oxygène qui doit inciter à emprunter. La baisse des taux a atteint 0,3 point en 12 mois (1,43 % en janvier 2019 contre 1,12 % en décembre 2019). Un contexte qui conduit aussi de nombreux particuliers à renégocier leur crédit immobilier.
Coût de crédit assagi
Cette baisse des taux d’intérêt, qui agit sur la mensualité et la durée, se répercute avantageusement sur le coût du crédit. Un paramètre essentiel – souvent éludé – qui revient à prendre en compte le coût total du crédit. Là encore, force est de constater que les taux planchers jouent favorablement sur les finances des emprunteurs.
Si nous reprenons l’exemple de l’emprunt de 150 000 € sur 20 ans contracté au taux de 1%, le coût du crédit s’élève à ce jour à 26 362 €. Admettons que l’emprunteur ait contracté son prêt 18 mois plus tôt à 2 %, son crédit va lui coûter 42 918 €, soit une différence de 16 556 €. Cette autre démonstration prouve encore une fois combien les conditions d’emprunt actuelles donnent du pouvoir d’achat !
Rachat de crédit réussi
Pour les emprunteurs qui ont déjà réalisé leur acquisition immobilière, la question de la renégociation de crédit se pose en toute logique. Il convient donc de vérifier si les trois conditions suivantes sont réunies :
- constater un écart de taux d’au moins 1 % par rapport au contrat initial, des frais viennent en effet grever cette renégociation ;
- se situer dans le premier tiers de la période de remboursement de son crédit, l’essentiel des intérêts se voit appliqué sur les premières mensualités ;
- devoir un capital d’au moins 70 000 €, alors les gains de la renégociation seront vraiment significatifs.
Pas étonnant que la part des renégociations de prêt ait représenté 20 % des dossiers pour l’année 2019, comme le précise Jérôme Robin.
Climat financier avec de belles éclaircies ?
Que nous réserve 2020 au niveau des conditions de crédit ? Selon le courtier Meilleurtaux, il convient de surveiller l’évolution des taux directeurs qui servent de référence aux crédits immobiliers accordés aux particuliers. En légère hausse en décembre, ils pourraient s’accompagner d’un coup d’arrêt à la baisse des taux que nous connaissons depuis plus de 12 mois. Dans tous les cas, il semble raisonnable d’anticiper une nouvelle année auréolée par ses taux d’intérêt allégés.
Une donne favorable pour les emprunteurs qui devront notamment s’accommoder des recommandations du Haut Conseil de stabilité financière. Il prône la modération, estimant que trop de crédits à l’habitat sont accordés sur de longues durées ? au-delà de 25 ans ? et réclament un taux d’effort au-dessus de la règle des 33 % de reste à vivre. Des pratiques qui accentuent l’endettement des ménages et réduisent les marges des banques…
Christophe RAFFAILLAC