Vous l’aurez sans doute remarqué, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Entre enfants de précédentes unions ou changement total de profession, il peut être judicieux de changer de régime matrimonial. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, nous explique pourquoi.
Qu’est-ce qui peut inciter les époux à changer de régime matrimonial ?
Les raisons qui poussent les couples à changer de régime matrimonial sont multiples. En effet, le régime matrimonial choisi au départ peut devenir inadapté au cours de la vie. Pour certains, un simple aménagement sera la solution. Pour d’autres, il faudra carrément changer de régime matrimonial et passer d’un régime communautaire à un régime séparatiste ou inversement. Le changement le plus fréquent est le passage à une communauté universelle. Cela concerne essentiellement les couples âgés. Le conjoint fait dans ce cas l’objet d’une protection optimale. Avec une communauté universelle avec clause d’attribution intégrale, les enfants du couple n’hériteront qu’au second décès.
Autre cas de figure : votre situation professionnelle change et vous avez décidé de créer votre entreprise. Adopter un régime séparatiste est dans ce cas conseillé. Cela permet de protéger le conjoint et le patrimoine de la famille.
Le coût engendré par ce changement pourra stopper votre élan. Il faut d’abord liquider la communauté pour pouvoir adopter la séparation de biens. Selon l’importance du patrimoine, « l’ardoise peut être salée ». Faites chiffrer ce changement de régime par votre notaire.
Quelles sont les conditions pour pouvoir le faire ?
Depuis la loi du 23 mars 2019, il n’y a plus à attendre deux ans de mariage avant de pouvoir changer de régime matrimonial. Cela permet de s’adapter avec plus de souplesse en cas de changement personnel ou professionnel. Certaines conditions particulières doivent cependant être réunies. Le consentement des époux est évidemment requis. Ils doivent être d’accord tous les deux. L’initiative du changement ne doit donc pas être le fait d’un seul.
Il est également impératif d’avoir recours à un notaire, dès le départ, à la fois pour vous conseiller sur l’opportunité du changement d’un point de vue patrimonial et pour vérifier que l’intérêt de la famille est respecté.
Le notaire doit aussi informer les enfants majeurs du couple et les créanciers qui disposent d’un droit d’opposition à ce changement.
Une fois ces vérifications faites, il va pouvoir rédiger son acte.
Quelle est la procédure à suivre ?
Tout changement de régime matrimonial se réalise par acte notarié. Ce dernier contiendra la liquidation du régime antérieur, s’il s’agit de passer de la communauté de biens réduite aux acquêts, par exemple, à une séparation de biens.
Le notaire devra évidemment veiller à ce que cette évolution soit faite dans l’intérêt de la famille comme mentionné ci-dessus.
Précision : l’homologation du juge n’est plus obligatoire pour les couples sans enfant ou avec des enfants majeurs.
Une notification de l’acte signé par les époux est adressée aux enfants majeurs qui disposent d’un délai de trois mois pour s’opposer à ce changement de régime.
En cas d’opposition de leur part, il sera cette fois obligatoire d’obtenir l’homologation judiciaire.
Stéphanie SWIKLINSKI